Il ne se passe pas un jour sans que Francis Durand ne reçoive un appel d’entrepreneurs en quête d’une solution pour se débarrasser du plastique. Or, c’est bel et bien ce plastique qui a fait s’écrouler cette filière industrielle française. Par exemple, sa machine destinée à fabriquer son carton celloderme est la dernière du genre en France.
Innover et rebondir
Pourtant, cette ligne de production a fait les beaux jours de la cartonnerie Jean qui est spécialisée dans le carton compact ; rien à voir avec celui d’emballage, plus léger. Aujourd’hui, c’est plutôt sa deuxième ligne qui tourne à plein régime et lui assurera peut-être un avenir pérenne. En effet, cette ancienne machine de fabrication de papier réajustée permet de réaliser des cartons plus fins, légers et colorés pour la marque les Naturals qui commence à se développer depuis deux, trois ans. « Ce carton plaît beaucoup à notre client principal, basé à Berlin, qui va en faire des catalogues d’exposition, des carnets, des boîtes. »
En effet, à Bonnat, on fabrique le carton et le vend à des clients qui vont le transformer, principalement en Allemagne. D’ailleurs, le patron revient d’un salon à Francfort. En parallèle, l’entreprise réalise quelques produits de A à Z comme ce ceintre entièrement en carton commandé par la nouvelle marque française de prêt à porter, 1083, ou encore des coffrets pour les couteaux Lou Creuse.
Un matériau 100% recyclé
Francis Durand entend, en quelque sorte, révolutionner les objets en carton avec son matériau compact, non verni. « Il a un aspect naturel, authentique qui est de plus en plus recherché, en contraste avec le carton que l’on voit habituellement recouvert de papier et de décors multiples. En 1990, lorsqu’on a créé la marque, ça n’a pas pris ; on était peut-être trop avant-gardiste… » Ici, le carton sert aussi de finition. Ce qui lui permet de rester attractif au niveau des prix.
Voilà comment la Cartonnerie s’est engouffrée dans ce marché de niche. « Avec notre petite production, nous ne faisons pas partie de l’industrie lourde. » C’est pourquoi, la cartonnerie ne fournit plus beaucoup d’usines à chaussures ou l’automobile car il est très dur de rivaliser avec les Chinois, excepté dans l’industrie du luxe.
Pourtant, la « première de chaussure » en carton, qui est la colonne vertébrale d’une paire, a fait les beaux jours de l’entreprise. « Si la société s’est implantée ici à l’origine c’est parce qu’il y avait beaucoup d’usines de chaussures et de maroquinerie en Limousin. »
Aujourd’hui, cette production reste confidentielle, moindre que celle destinée à la réalisation de boîte d’archives, qu’il est possible de retrouver à la BNF. La petite usine mise donc sur la qualité et l’export puisque la filière française n’existe quasi plus.